Les sceaux-cylindres et le programme international CDLI
À partir de la période du Dynastique archaïque IIIb (XXIVe siècle av. J.-C.), les sceaux-cylindres se sont mis à combiner des scènes figuratives ou géométriques avec une inscription. Celle-ci, gravée dans un cadre spécifique, désigne en règle générale le propriétaire du sceau, sa profession ou son niveau d’instruction, son patronyme et ses affiliations administratives dans la hiérarchie mésopotamienne.
Dès le début des travaux du CDLI, la question s’est posée du traitement de l’information délivrée par ces inscriptions et de leur mode d’inclusion parmi les autres données enregistrées. Bien qu’à l’origine, il n’ait pas été prévu de traitement spécifique pour cette catégorie d’entrées, il a finalement été décidé de considérer les sceaux et leurs empreintes comme n’importe quel autre artefact autonome.
Les sceaux sont donc désormais traités par le CDLI comme des reconstructions composites réalisées à partir de leurs diverses empreintes. Ils sont alors décrits comme “CDLI Seal ## (composite)” ou bien comme des artefacts physiques dans le cas de sceaux-cylindres existants: “CDLI Seal ## (not impression)”.
Chacune de ces attestations se distingue par son identifiant unique (P number), relié à un “dossier” regroupant l’ensemble des empreintes d'un même sceau. Ce dossier reçoit lui aussi un identifiant unique (S number). Ainsi, par exemple, sur le site du CDLI, dans la fiche concernant la tablette scellée d'Ur III AUCT 1, 151 (P102997), un clic sur l’identifiant S000003 emmène l’utilisateur à la liste de toutes les tablettes (une quarantaine actuellement connues) ayant reçu la même empreinte de ce sceau.
Il convient de remarquer que, pour la grande majorité des légendes connues par empreinte sur tablette, on ne dispose d’aucun objet “sceau-cylindre” associé : on ne parvient à établir que très peu de correspondances entre les sceaux réels et les empreintes, et il s'agit là d'une question particulièrement intrigante pour les chercheurs (voir ici-même, en bas de la page). Cependant, ces “sceaux perdus” sont souvent entièrement reconstructibles à partir des diverses empreintes (près de 800 témoins pour le seul sceau S002932 du scribe Lukalla d’Umma à l’époque d’Ur III) existant sur les tablettes conservées dans diverses collections à travers le monde.
En chiffres bruts, en 2015, avant le lancement du projet SESPOA, quelque 30.000 artefacts mésopotamiens enregistrés dans le CDLI avaient un lien avec un sceau ou une empreinte de sceau. Sur ce nombre, 75% étaient de tablettes avec empreinte, 20% étaient des légendes composites reconstituées à partir de ces empreintes, et seulement 5% étaient des sceaux-cylindres “physiques”, ce dernier chiffre étant appelé à augmenter largement avec le lancement du programme SESPOA. On peut renvoyer pour finir à la page spécifique du CDLI consacrée aux “Mesopotamian seals” (ici) et à la note détaillée que R. K. Englund a rédigée en 2014 (ici) pour présenter les enjeux des problématiques qui viennent d’être évoquées.